Tour de France 1993 

 


Croissants, café, tartines... La journée d'un coureur du Tour
de France commence comme celle du vacancier moyen. Pourtant, peu d'entre nous avalent en complément une assiette de pâtes dans la matinée pour assurer la présence de sucres lents dans l'organisme... Jacky Durand, membre de l'équipe Castorama, est devenu champion de France le 27 juin dernier
à Châtellerault. « Dudu » doit honorer ce maillot tricolore sur les routes du Tour. Ce n'est pourtant pas ce qui le pousse à 
se présenter dès huit heures devant le buffet du petit déjeuner. 
« Jacky est le premier levé de l'équipe », témoigne Cyrille Guimard, son directeur sportif. Ce que confirme l'intéressé : Je n'ai besoin que de six ou sept heures de sommeil par nuit. Je suis un couche-tard et un lève-tôt ! » Du coup, c'est lui qui a 
la responsabilité de la balance... Tous les matins, Jacky place 
le précieux engin dans le couloir de l'hôtel. Chacun passe se peser au réveil, afin de suivre de près l'évolution de son corps. « Un coureur peut perdre jusqu'à quatre kilos pendant le Tour de France », explique Jacky Durand. « Certains arrivent déjà "secs", d'autres fondent au fur et à mesure. » Cette année, Durand s'est présenté affûté. Il pesait au Puy-du-Fou le même poids que l'an dernier sur les Champs-Élysées. Pas d'arrière-
pensées au moment de passer à table...
Ensuite, les coureurs bénéficient d'un laps de temps plus ou moins long avant de rejoindre le départ de l'étape. Jacky en profite pour vérifier la mécanique de son vélo avec les techniciens de l'équipe, ou pour échanger quelques mots avec Cyrille Guimard. La concentration monte petit à petit... Si Jacky n'est pas un superstitieux qui accompagne sa préparation de nombreux rites, il accroche avec précaution le dossard 125 sur son maillot. Il attendait cette reconnaissance publique depuis 1992 et sa victoire dans le Tour des Flandres. "J'attendais avec impatience cette rencontre avec le public. Le maillot de champion de France, les gens le cherche. Je savais que la chance me reviendrait." Selon où se situe le départ de la course, les coureurs rejoignent la ligne en voiture ou à vélo. Pour l'auto, "Dudu" a tout prévu. Il en profite pour écouter deux cassettes de comiques mayennais, sa région d'origine, un bon moyen d'évacuer le stress.S'ensuit un petit passage par le village-départ pour lire les journaux. "Pendant le Tour, je suis déconnecté de l'actualité. Je ne lis la presse sportive que le matin."
Il est temps de prendre la route. A 26 ans, Jacky Durand est
un rouleur. Il rêve de remporter Paris Roubaix et l'exemple 
de Duclos-Lassalle lui laisse de nombreuses années d'espoir devant lui. Sur le Tour, il essaie de se montrer dans les étapes en ligne. En montagne, c'est la débandade..."La montagne, je 
l'aime tellement que j'y reste plus longtemps que les autres ! Je suis toujours le premier lâché. Le soir, je suis obligé de regarder le résumé de l'étape à la télévision pour savoir ce qui s'est passé... » Pourtant, revêtu du maillot de champion de France, Jacky aimerait réaliser une performance un peu meilleure que l'an passé. Pour son premier Tour de France, il avait terminé 119° et dernier Français. Dans les étapes de plaine, Durand fait parfois chanter le peloton en début de journée. Sinon... Douleurs, efforts et souffrances, voilà en général le résumé quotidien de l'étape. Retour à l'hôtel. « En général, on prend une petite collation au retour. » Petits sandwichs, yaourts, céréales au menu. Puis vient le moment sans doute le plus apprécié de la journée : le massage. Chaque soir, Jean Dalibot soulage les muscles endoloris de Jacky Durand pendant trois quarts d'heure, voire une heure. Récupération et drainage musculaire pour la partie sérieuse, plaisanteries et confidences pour la détente. Jean et Jacky se connaissent depuis les débuts de « Dudu » en juniors. Une complicité privilégiée. Vers 20 heures, toute 1'équipe Castorama se retrouve autour du repas. Jacky, traditionnel boute-en-train, anime les débats. A l'occasion, il s'offre même un petit verre de vin avec le fromage...Ça fait du bien à la tête ». Le soir, Jacky Durand aime se promener dans l'hôtel, redescendre discuter avec les soigneurs. Il n’a pas emmené de livres pour ces trois  semaines de voyage. Lui, son truc c'est le Game Boy. Un as. “Je suis champion du monde de Tetris… J’ai battu tous les records ! “ Le téléphone, la télé, les rêves de remporter une étape du Tour... La soirée est vite passée. Jacky ne se couchera pas avant minuit.                                                   Vélo Magazine


JACKY DURAND (121°): le champion de France n'a pas manqué de faire voir son beau maillot pendant trois semaines: sur le passage du Gois, dans l'étape d'Amiens ou celle de Bordeaux et de Montpellier. Tous les moyens étaient bons. Le Mayennais s'est même fait remarquer dans la montagne en terminant dernier au Pla d'Adet. 
                                       Ouest-France

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