En passant par la Mayenne
 
 
 
                              Ouest-France, 6/07/99

Inquiet avant le départ de cette troisième étape, Jacky Durand a finalement rallié Laval. Gravement touché, la veille, le Mayennais qui aurait tant voulu réussir un coup chez lui, a assuré l' essentiel. Il repart ce matin pour un Tour. Blessé, mais soulagé.
Comme toutes les mamans du monde, celle de Jacky Durand était bien inquiète avant le début de cette étape Nantes - Laval. Colette, qui lui avait téléphoné le matin même, est tombée dans les bras de son fils, boulevard de Montmorency, la ligne
d'arrivée passée. « Je suis soulagée de le voir en tenue de coureur, de constater qu'il est arrivé » reconnaît-elle, en larmes. 169° finalement, le Mayennais, victime d'une grave chuté la veille entre Challans et Saint-Nazaire, avait pourtant cru ne pas pouvoir prendre le départ. L'épaule droite touchée, le genou droit abîmé, il aura vaincu sa douleur. « Cela a été très dur, surtout
pendant la première heure. J'ai mal à cette épaule qui a été déboîtée. J'ai cru que le ne pourrais pas prendre le départ. J'ai très mal dormi. » Un strapping soulagea quelque peu Durand dont le but était, avant tout, de terminer cette étape en Mayenne. « Je
l'avais marquée d'un point rouge. Je n'ai pas pu la disputer comme je le souhaitais. » Elle devait lui sourire. Il fit la grimace.
« Quand on est en pleine santé, les troisième et quatrième jours du Tour sont toujours difficiles. On ressent des douleurs. Alors, dans mon   état, vous imaginez. C'est encore pire. » Lors de cette troisième étape, suivie par un très nombreux public, le sociétaire de Lotto fit la course en queue de peloton avec Coppolillo, qui a également été blessé lundi. » Les deux hommes
firent de leur mieux. « Je n'oublie pas qu'à dix centimètres près, j'avais la jambe broyée. » Sa carrière l'aurait été aussi.
Comme prévu, les amis de Jacky Durand avaient marqué de leur empreinte la route mayennaise. Les inscriptions, les encouragements étaient légions. « J'ai vu tout ce qu'ils ont fait. Ils ont du bien s'amuser. Au début, j’ai compté les banderoles. Ensuite, il y en avait trop. J'ai arrêté. » Les lunettes de soleil sur la casquette, le visage marqué, Durand a le sourire. Justement acclamé, il oublie presque la douleur, sauf quand un supporter le touche, involontairement. « Jacky, t'es le meilleur. Jacky, une photo, un autographe. »
Simplement, au milieu des siens, Jacky Durand rejoint le car de sa formation, entre deux files de voitures. Pour respirer quelque peu, faire un brin de toilette. « J'espère que demain je vais pouvoir récupérer. L'étape jusque Blois devrait être relativement
calme. Je ne peux même pas me mettre en danseuse, tirer sur le guidon. » L'effort devient impossible. « Je pense que dans deux ou trois jours, cela ira nettement mieux. Bien sûr, si j’ai couru aujourd'hui c'était pour arriver en Mayenne. Mais c'est parce que je veux finir ce Tour, aussi.» La route est encore longue.
Soutenu précédemment par Albert Bouvet auquel il succéda sur les tablettes de Paris - Tours, et qui était présent à Laval, le gars de Renazé effectue un dernier tour par le plateau de France 2. Une ultime ovation d'un public qui, admiratif, reconnaît son
mérite, « Dudu » s'engouffre dans sa voiture. Seul, avec sa souffrance. Sûrement soulagé.

                                                                                                                                                                    Ouest-France, 7/07/99

 

suite du Tour de France
retour au sommaire du Tour de France
retour au sommaire de 1999
retour à la page d'accueil